lundi 30 mai 2011

Diccionario del español de México /4


«Se analizó el lenguaje de las telenovelas, de los programas de ciencia, de los periódicos, de los discursos políticos, de los malandros y los policías, en fin, de todos los sectores que conforman al país», señaló [Luis Fernando] Lara Ramos.
http://www.fundeu.es/noticias-articulos-presentaron-el-diccionario-del-espanol-en-mexico-edicion-que-reune-el-lexico-actual-3116.html

According to its authors, [el Diccionario del español usual en México] 'se concentra en el español usual en México fundamental y especializado; básico y general; de la lengua estandar, que incluye, naturalmente, a la lengua culta, pero también a la lengua hablada, más propia de nuestra comunicación, coloquial, familiar y popular, y de la lengua utilizada en las diferentes regiones de México'. […]
It is precisely in the domain of the colloquial that the Spanish of the Americas is distinguished from that of Spain.
Antonio Moreira , compte rendu du Diccionario del español usual en México, Modern Language Review, octobre 2000.

Je laisse aux spécialistes de la lexicographie espagnole la critique détaillée du DEM. Je me contenterai de présenter un point de vue assez impressionniste sur l’ouvrage en donnant certaines indications sur le vocabulaire de la drogue (dans le présent billet) et sur les anglicismes (dans un prochain billet).

Rappelons que le DEM est basé sur un corpus de deux millions de mots. Les textes, y compris les textes « oraux », ont été choisis en fonction de critères précis décrits dans la présentation de l’ouvrage et ces textes ont été classés en catégories qui ont été pondérées entre elles. Les mots qui ont été traités dans les différents dictionnaires publiés par l’équipe de Luis Fernando Lara ont été choisis en fonction des indices de fréquence.

N’ayant pas encore d’exemplaire du DEM, je prendrai mes exemples dans la 2e édition du Diccionario del español usual en México, celle qui est accessible en ligne.

Luis Fernando Lara, dans l’interview citée en exergue, dit que son équipe a étudié la langue « des discours politiques, celle des malfaiteurs et des policiers ». Il est assez piquant, mais compréhensible dans le contexte mexicain, de voir cités les uns à la suite des autres les politiques, les malfaiteurs et les policiers.

Comme on le sait, le trafic de la drogue est une activité économique florissante au Mexique. Dans le Diccionario del español usual en México (édition en ligne), le mot narcotráfico est absent (« Esta palabra no se encuentra en el diccionario »; toutefois on a tráfico de drogas s.v. tráfico). Mais il est vrai que le corpus date un peu (1921-1974). D’autres mots relatifs au vocabulaire de la drogue sont en revanche présents :
toque
s m

I
1 Acto de tocar momentáneamente algo y producirle un efecto inmediato: el toque del hada, el toque del rey Midas
2 Descarga eléctrica pequeña e instantánea que se recibe al tocar accidentalmente una línea o un aparato eléctrico: darse un toque, "El refrigerador da de toques"
3 Pequeña pieza musical o serie codificada de golpes de campana o de tambor, con que se llama la atención o se anuncia algo: un toque de clarín, el toque de oración, el toque de diana, toque de muerto, toque de alarma
4 Toque de queda Situación de emergencia excepcional, durante la cual un gobierno suspende el respeto a las garantías individuales, particularmente del anochecer al amanecer, para establecer un control
5 Pincelada, nota o ademán con que se acentúa el carácter o el valor de una obra de arte, o el comportamiento y la presentación de alguna cosa: un toque maestro, el último toque, un toque de distinción
6 (Popular) Aspiración que se hace a un cigarro de mariguana y el cigarro mismo: un toque de mota, forjar un toque, darse un toque
7 (Popular) Inspiración de cocaína por la nariz.

Le sens 2 est un mexicanisme selon le DRAE (22e édition, 13e sens du mot toque) : « 13. m. Méx. calambre ( estremecimiento producido por una descarga eléctrica). Mais le fait que le sens « Descarga eléctrica… » est propre au Mexique n’est pas signalé dans le DEM, conformément à sa politique éditoriale. Les sens 6 et 7, propres au domaine de la drogue, n’apparaissent pas dans le Diccionario de la Real Academia (DRAE) et ne sont pas signalés non plus comme mexicanismes par le DEM.


mota2
s f (Popular) Mariguana: fumar mota, quemar mota, un toque de mota, legalizar la mota.


Le DRAE signale ce sens de mota comme américanisme, mais sans la marque « populaire » : « 9. f. C. Rica, El Salv., Guat. y Méx. mariguana. »

cartón
s m
1 Hoja gruesa y rígida, formada por varias capas de papel comprimido. Según los materiales que se combinan con el papel para su elaboración, puede ser cartón fibra, cartón asfáltico, cartón cuero, etc. Según su acabado, puede ser cartón liso, cartón corrugado, cartón acanalado, etc
2 Empaque o paquete de este material, que sirve para contener varias unidades de un producto: un cartón de cerveza, un cartón de huevos, un cartón de rollos de papel
3 (Caló) Cierta cantidad de ramas y hojas de mariguana, enrolladas en papel; carrujo
4 Tablero, generalmente de este material, en que están pintadas figuras del juego de la lotería
5 Dibujo, hecho en este material, de modelos para diseño o para cuadros, al tamaño que deben tener, cuando estén terminados: "Goya fija su residencia en Madrid para pintar cartones para los tejedores"
6 (Impr) Hoja de este material, en la que se monta la composición tipográfica de una página de un libro, para sacar de allí un negativo de offset, un patrón de grabado o la matriz de la estereotipia
7 Caricatura
8 (Crón dep) Marcador de ciertos deportes, como el futbol, el beisbol, etc: "Tiró cruzado para poner los cartones uno a cero".

Le sens 3 porte une marque (argotique) mais n’est pas signalé comme mexicanisme.

Le moment venu, il sera intéressant de comparer le traitement réservé au vocabulaire de la drogue dans le DEM et dans Franqus.
À SUIVRE
La chanson archétypale du machisme mexicain : El Rey

dimanche 29 mai 2011

Diccionario del español de México /3

L’équipe de Luis Fernando Lara au Colegio de México a commencé ses travaux en 1973. Premier résultat, le Diccionario fundamental del español de México a paru en 1982 et comprend 2 500 vocables et 15 000 acceptions (p. 12). En 2010, l’équipe avait réussi à traiter 25 000 vocables.
Titre
Date de publication
Nombre de vocables
Diccionario fundamental del español de México
1982
2 500
Diccionario básico del español de México
1986
7 000
Diccionario del español usual en México
1996
14 000
Diccionario del español de México
2010
25 000

L’équipe de Luis Fernando Lara a mis 37 ans pour produire un dictionnaire de 25 000 vocables. Il est vrai que la crise économique des années 1980 a porté un dur coup aux travaux. Mais il n’en demeure pas moins que faire un dictionnaire complet (ou global) où l’on redéfinit tous les mots d’un corpus est forcément une œuvre de très longue haleine. Dictionnaire complet : il s’agissait, à partir d’un corpus intégralement mexicain de deux millions de mots, de produire un dictionnaire de l’espagnol qui rendrait compte uniquement de la variété mexicaine contemporaine sans tenir compte des autres variétés – « La obra se basa en el uso mexicano y tiene a los mexicanos como punto de referencia » (Diccionario del español usual en México, 1996, p. 17).
Le projet de « dictionnaire complet du français québécois[1] », Franqus, a été défini selon les mêmes principes que le DEM : à partir d’un corpus, il s’agissait de redéfinir tous les mots et de les traiter sans référence externe « comme si notre français était le seul qui existât »[2]. Donc, décrire non seulement la partie du lexique qui distingue le parler québécois de l’usage des autres francophones mais aussi la portion qui est commune. En pratique, cela revient à refaire les définitions de mots aussi communs que table, chaise, couteau, etc. L’un des responsables de Franqus déclarait en 2008 : « C’est un nouveau dictionnaire, pas l’adaptation d’un dictionnaire existant […]. Toutes les définitions et le contenu sont de nous. On est parti de zéro[3] » (Le Devoir, 29 mars 2008). Et le dictionnaire devait compter 50 000 (selon Le Devoir du 29 mars 2008) ou 52 000 mots (La Croix du 7 juillet 2008), voire 60 000 (selon Le Collectif, Journal des étudiants de l’Université de Sherbrooke, 15 septembre 2008).
Le groupe Franqus a reçu sa première subvention (1 000 000,00 $) en 2001. Selon le projet soumis aux autorités, il devait se réaliser en cinq ans… Si on le compare à ce qui a été fait au Mexique, soit que le projet était irréaliste, soit que les bailleurs de fonds se sont montrés irresponsables, toujours est-il qu’on attend toujours ce dictionnaire. Et, comme il était évident que le calendrier non seulement ne pourrait pas être respecté mais que l’échéance serait largement dépassée, on a laissé tomber l’objectif principal du projet qui était de décrire le lexique québécois « comme si notre français était le seul qui existât » puisque plusieurs définitions de la version préliminaire actuellement en ligne sont reprises du Trésor de la langue française de Nancy.
À SUIVRE
Agustín Lara chante Noche de ronda

Noche de ronda
Noche de ronda,
qué triste pasas,
qué triste cruzas
por mi balcón.
Noche de ronda,
cómo me hieres,
cómo lastimas mi corazón.
Luna que se quiebra
sobre la tiniebla
de mi soledad.
¿A dónde vas?
Dime si esta noche
tú te vas de ronda,
como ella se fue.
¿Con quién estás?
Dile que la quiero,
dile que me muero
de tanto esperar.
Que vuelva ya,
que las rondas
no son buenas.
Que hacen daño,
que dan penas
y que acaban
por llorar.


[1] Formulation utilisée dans l’avis du Conseil de la langue française, L’aménagement de la langue : pour une description du français québécois, 1990, p. 53.
[2] Déjà en 1985 dans Présence francophone, no 27, p. 39.
[3] Voire ! Les responsables ont déjà admis avoir « dépouillé » le Multidictionnaire, le Meney, etc. Ce dont il devra être question un jour dans un autre billet.

vendredi 27 mai 2011

Diccionario del español de México /2

Avant de parler du Diccionario del español de México, il faut rappeler la place qu’occupe, du point de vue démographique, le Mexique dans le monde hispanophone.

Population des principaux pays de langue espagnole, par ordre décroissant
(selon le site http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/ en ligne le 23 mai 2011)


Pays
Population
Mexique
101,4 M
Colombie
46,6 M
Espagne
40,4 M
Argentine
40,2 M
Pérou
28,1 M
Venezuela
23,9 M
Chili
16,3 M

La patrie d’origine de l’espagnol se situe au troisième rang quant au nombre d’habitants. Premier pays hispanophone du monde, le Mexique a une production culturelle florissante. Ses telenovelas sont exportées dans les autres pays de langue espagnole sans doublage ni sous-titrage (ce qui suppose une stratégie de diffusion sur laquelle je reviendrai un de ces jours). Il est donc pour le moins présomptueux de comparer le Québec au Mexique…
Rappelons que, selon la thèse endogéniste mentionnée dans un billet précédent, « il n’y a pas de nation qui n’ait son dictionnaire ». Tout dépend ce que l’on entend par nation. Et par dictionnaire. Le dictionnaire national dont disposerait chaque nation est-il vraiment l’équivalent d’un Petit Robert, d‘un Petit Larousse, de l’Oxford English Dictionary ou du Webster ou n’est-il souvent qu’un simple glossaire ?
Comparons donc le Diccionario del español de México avec d’autres dictionnaires « nationaux » :
Quelques dictionnaires selon le nombre de vocables donné sur les sites Internet des éditeurs
Oxford English Dictionary
20 volumes
600 000 mots
The Merriam-Webster Unabridged Dictionary
470 000 entrées
Trésor de la langue française informatisé
100 000 mots avec leur histoire, 270 000 définitions, 430 000 exemples
Grand Robert de la langue française
6 volumes
100 000 mots, 325 000 citations, 25 000 expressions, locutions et proverbes

Diccionario de la Real Academia, 22édition
88 431 mots*
Petit Robert
60 000 mots et toutes les évolutions les plus récentes de la langue française
300 000 sens illustrés par des exemples
Petit Larousse
59 000 mots des langues courante et spécialisées
Diccionario del español de México
25 000 vocables, 50 000 sens


Dans un courriel récent, Luis Fernando Lara m’indique que 10 000 vocables de son corpus n’ont pas encore été traités et ne sont donc pas inclus dans le dictionnaire. Il compte continuer le travail et constituer un nouveau corpus pour mieux rendre compte de l’évolution de la langue. Le DEM actuel n’est donc qu’une étape.

À SUIVRE
*   *   *
Outre Luis Fernando, il y a un autre Lara qui occupe une place de premier plan dans la culture mexicaine : le chanteur Agustín Lara (1897-1979) (aucun lien de parenté avec Luis Fernando Lara). Plusieurs de ses compositions chantent des villes espagnoles : Grenade, Séville, Tolède, Madrid, ce qui lui a valu le don d’une maison à Grenade par le gouvernement franquiste. L'une de ses chansons   les plus célèbres est le chotis Madrid (chotis < scottish ‘[danse] écossaise’).

Chotis Madrid
Cuando llegues a Madrid chulona mía
voy a hacerte emperatriz de Lavapiés
y alfombrarte con claveles la Gran Vía
y a bañarte con vinillo de jerez.

En Chicote un agasajo postinero
con la crema de la intelectualidad
y la gracia de un piropo retrechero
más castizo que la Calle de Alcalá.

Madrid, Madrid, Madrid
pedazo de la España en que nací
por eso te hizo Dios
la cuna del requiebro y el chotis

Madrid, Madrid, Madrid
en México se piensa mucho en ti
por el sabor que tienen tus verbenas
por tantas buenas que soñamos desde aquí.

Y vas a ver lo que es canela fina
y armar la tremolina cuando llegues a Madrid.

mercredi 25 mai 2011

Diccionario del español de México /1



[…] les autres langues européennes transplantées dans les Amériques ont été décrites dans des dictionnaires : l’espagnol du Mexique pour l’Amérique centrale et l’Amérique latine et le portugais brésilien pour le Brésil.
Le français, une langue pour tout le monde [rapport Larose], 2001, p. 82-83.


En commençant, notons le rôle impérial que le rapport québécois est prêt à faire jouer à la variété mexicaine. Notons aussi la formulation curieuse qui distingue l’Amérique centrale de l’Amérique latine et qui semble exclure le Brésil de cette dernière.

Après avoir présenté le dictionnaire chilien paru en 2010, voici un premier billet consacré au Diccionario del español de México (DEM), paru lui aussi en 2010.

Luis Fernando Lara interviewé par la chaîne hispanophone CNN
à l’occasion de la parution du DEM

Le DEM est le fruit d’un travail commencé en 1973. Il est basé sur un corpus de deux millions de mots de l’espagnol mexicain contemporain (1921 à 1974); le corpus a été complété par des données plus récentes. Basée au Colegio de México, l’équipe de lexicographes dirigée par Luis Fernando Lara a produit les ouvrages suivants :
Diccionario fundamental del español de México, Comisión Nacional para la Defensa del Idioma español, 1982
Diccionario básico del español de México, El Colegio de México, 1986
Diccionario del español usual en México, El Colegio de México, 1996
Diccionario del español usual en México, El Colegio de México, 2e édition, 2009 (cette version est accessible en ligne : http://dem.colmex.mx/Default.aspx)
Diccionario del español de México, 2 t., 2010

Le DEM est un dictionnaire global (ou complet) de l’espagnol mexicain : par conséquent, il ne signale pas les mots et sens propres au Mexique; il ne donne pas non plus leurs équivalents dans d’autres variétés d’espagnol.



El Diccionario del español de México es resultado de un conjunto de investigaciones del vocabulario utilizado en la República Mexicana a partir de 1921. Las investigaciones se llevan a cabo desde 1973 en el Centro de Estudios Lingüísticos y Literarios de El Colegio de México.
El Diccionario del español de México es un diccionario integral del español en su variedad mexicana, elaborado sobre la base de un amplio estudio del Corpus del español mexicano contemporáneo (1921-1974) y un conjunto de datos posteriores a esa última fecha hasta el presente.
Se trata de una obra original, de carácter descriptivo, hecha con criterios exclusivamente lingüísticos. Todo el vocabulario que incluye ha sido usado o se usa en México, al menos desde 1921.
Source: http://dem.colmex.mx/Default.aspx

À SUIVRE