mardi 26 juillet 2011

Banderilles / 9


Le détective poussa la porte, trébucha sur une boîte de savon tombée par terre et aperçut un téléphone public près d'un distributeur de boissons gazeuses.
Yves Beauchemin, Une nuit à l’hôtel, Montréal, Québec Amérique, 2001, p. 43


Je continue ma série d’analyses de fiches du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Aujourd’hui, je traiterai de la fiche « distributrice » :


Première constatation : l’Office québécois, en attribuant au mot mis en entrée la marque [Canada], normalise le terme pour l’ensemble du Canada. Or, le Bureau de la traduction à Ottawa a, pour traduire vending machine, préféré un autre terme (ou, si l'on veut, un autre genre) :



Deuxième constatation : en mettant distributrice en entrée principale, l’Office privilégie le terme le moins international et fait l’impasse sur le fait que distributeur est bien attesté au Québec. Cela est facile à démontrer grâce au moteur de recherche Google. Trois termes sont en concurrence pour traduire vending machine : distributeur automatique, distributrice automatique et machine distributrice. Si l’on additionne les attestations de distributrice (dans les syntagmes distributrice automatique et machine distributrice) dans l’ensemble des pages en français recensées par Google, le résultat est de 90 420 attestations (6 420 + 84 000). Mais une analyse attentive du tableau suivant montre que distributeur est au moins aussi répandu au Canada ou au Québec même. Expliquons-nous.


Terme
Total Google
Langue : français
Langue : français
Domaine : .ca
Langue : français
Domaine : .fr

Distributeur automatique

2 910 000
84 600
1 070 000

Distributrice automatique

6 420
3 040
178

Machine distributrice

84 000
33 000
1 460
Google, résultats le 21 juillet 2011


Depuis peu, Google ne permet plus de faire des recherches par territoire (Canada, France, etc.) mais uniquement par domaine (.ca, .fr, etc.). En d’autres termes, il n’est plus possible de répartir entre pays les pages dont l’adresse se termine par .tv, .com, .net, etc.


À la lecture du tableau, on pourrait croire que les attestations de distributrice (= machine distributrice + distributrice automatique) surpassent de quelques milliers celles de distributeur automatique (90 420 contre 84 000). Mais, pour distributrice, il s’agit du nombre d’attestations dans l’ensemble des pages en français recensées par Google partout dans le monde. Pour distributeur automatique, il s’agit du nombre d’attestations recensées de l’expression complète (et non seulement du mot distributeur) uniquement dans les adresses se terminant par .ca. Il faudrait donc, pour distributeur automatique, ajouter les attestations qui se trouvent dans les pages canadiennes des domaines .com, .net, .org, .info, ce qui n’est pas possible actuellement. Une conclusion se dégage pourtant : au Canada même (au Canada, parce qu’il n’y a pas encore de domaine .qc), distributeur automatique est, selon toute probabilité, le terme le plus fréquent (du moins dans Internet). Et si l’on ne prend en compte que le domaine .ca, il domine largement.


La fiche de l'Office dit : « Distributeur automatique est le terme usuel pour désigner ce concept dans les pays francophones d’Europe. » Au Québec aussi, mais en concurrence avec machine distributrice.


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