mardi 6 mars 2012

Un anglicisme à encadrer



Aujourd’hui, une simple curiosité trouvée dans le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.


Le GDT livre des résultats légèrement différents si l’on fait la recherche en partant du mot caméraman plutôt que du mot cadreur.


Si l’on tape le mot caméraman, le GDT n’offre qu’une fiche de 1994 avec en entrée principale le terme caméraman, comme synonyme cadreur et comme quasi-synonyme opérateur. Sans mentionner que cadreur a été officialisé par la France en 1983. On indique que le pluriel est caméramans – intégration au système morphologique du français oblige. Le GDT est ici fidèle à sa logique d’intégrer les emprunts dans le système morphologique français (comme pour les emprunts qui sont déjà au pluriel en italien ou en inuktitut : des spaghettis et non des spaghetti, un Inuit et non un Inouk).


Plus curieusement, le GDT signale que le mot caméraman est masculin ou féminin.


Pourtant, toujours selon le même GDT, le féminin de recordman est recordwoman


Et l’intégration morphologique alors ?


Maintenant, si l’on tape le mot cadreur, le GDT offre deux fiches, l’une sur cadreur (sans date; mais surtout sans mention du synonyme caméraman), l’autre étant celle de 1994 dont nous venons de traiter et qui donne caméraman en entrée principale. On a omis d’harmoniser les deux fiches.



Le plus curieux dans tout cela, c’est quand même qu’il n’y ait aucune mention du fait que le terme cadreur a été normalisé en France. Pourtant, le GDT intègre depuis quelques années des fiches produites par des organismes français (comme l’Institut national du sport et de l'éducation physique).



Dernière curiosité, le politiquement correct est présent dans la fiche française qui donne comme terme anglais camera person. Et pourtant, la fiche a été rédigée en 1983, soit il y a près de trente ans. Il est piquant de rappeler qu’une bonne décennie plus tard, lors de la discussion, à l’Assemblée nationale de France, du projet de loi réformant la Cour d’assises, des critiques s’étaient élevées contre la formulation du serment des jurés, selon laquelle même une femme aurait dû s’engager à faire preuve de « l’impartialité et de la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre ». À ceux qui demandaient de remplacer le mot « homme » par « personne », Jacques Toubon, alors garde des Sceaux, avait répondu, cinglant : « C’est du canadien, du québécois, du langage des Nations Unies, du politiquement correct, mais ce n’est pas du français... »


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

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