dimanche 22 avril 2012

Deux poids, deux mesures : le traitement des emprunts à l’anglais dans le GDT



Le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française définit une bande comme des « personnes, jeunes ou adultes, qui se rassemblent et forment un groupe, une troupe, une équipe dans le but de se rencontrer, se divertir, travailler à un projet commun, sinon pour commettre des méfaits » (fiche de 2012). Il rejette l’emploi du mot gang en ce sens : « Le terme anglais gang et sa forme partiellement francisée gagne*, courants en français du Québec, sont à déconseiller pour favoriser l'emploi du terme français bande qui est déjà en usage. »


Or, il se trouve que, selon le Trésor de la langue française de Nancy, le mot gang est attesté en français depuis 1831.


Or, il se trouve aussi que l’Office québécois de la langue française n’hésite pas à accepter des emprunts à l’anglais beaucoup plus récents quand il s’agit d’anglicismes propres au français du Québec, ainsi d’aréna, qualifié d’« emprunt ancien à l’anglais » (fiche de 2011) alors que, selon le Dictionnaire historique du français québécois, sa plus ancienne attestation date de 1898, donc 67 ans plus tard que le mot gang en français « international ».


Il en va de même de l’expression être à l’emploi de, considérée comme un anglicisme par le Bureau de la traduction à Ottawa, acceptée par l’Office au motif qu’elle est « d'un usage ancien et généralisé au Québec ». Pourtant sa plus ancienne attestation dans le Trésor de la langue française au Québec est datée de 1900.


Selon qu’il s’agit d’un emprunt ultramarin ou cismarin, le traitement que lui réservera le GDT sera différent. Sus aux anglicismes acceptés depuis deux siècles en français général ! Et tolérance des anglicismes témoins de notre passé de colonisés.

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* « Sa forme partiellement francisée » : elle n’est pas partiellement francisée, elle l’est complètement dans la graphie gagne et dans la prononciation (cf., dans la version électronique du Multidictionnaire de Marie-Éva de Villers, les deux prononciations données par Gérard Poirier). Mais, quand on veut se débarrasser de son chien, que ne dit-on pas ?

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