dimanche 29 décembre 2013

Clash de normes



Lu ce matin sur le site Atlantico.fr : « Télévision : clash entre Jean-Michel Aphatie et Laurent Ruquier à propos de la nouvelle émission de France 2.– Pas encore diffusée mais déjà attaquée. Alors que France 2 a dévoilé, samedi, quelques détails du concept de l'access prime-time de Laurent Ruquier, l'animateur a d'ores et déjà l'assurance de ne pas compter Jean-Michel Aphatie parmi ses fans. »


Le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) a une fiche clash mais dont l’auteur n’est pas l’Office québécois de la langue française (OQLF). Produite par l’Institut supérieur de traducteurs et d’interprètes (de Bruxelles, mais le GDT ne fournit pas cette information), la fiche date de 1980 : « Définition conflit, désaccord violent ». Clash est défini par deux synonymes qu’on pourrait facilement lui substituer. Il n’y a aucune marque normative dans la fiche produite par l’Institut supérieur de traducteurs et d’interprètes et l’équipe du GDT n’en a ajouté aucune.


Le GDT emmagasine des fiches produites par d’autres organismes et, ce faisant, on peut se demander si cela ne se fait pas au détriment de sa politique sur l’emprunt linguistique. En tout état de cause, l’usager ordinaire conclura que le mot clash est accepté par l’Office.


Le GDT a aussi une fiche « incompatibilité de caractères » (anglais : clash of personalities) alors que conflit de personnalités ou choc de personnalités ou encore plus simplement affrontement ou dispute auraient été de meilleurs équivalents.


Quant au terme access prime-time, mentionné aussi dans le texte d’Atlantico.fr, il apparaît dans deux fiches du GDT mais, encore là, dans des fiches produites par d’autres organismes : avant-soirée (Commission générale de terminologie et de néologie de France, 2005) et début de pointe (Radio-Canada, 1993).


Ces exemples montrent que le Grand Dictionnaire terminologique est de moins en moins un dictionnaire et de plus en plus une banque de données terminologiques. Peut-être faudrait-il songer à le rebaptiser.


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Le troisième mot anglais apparaissant dans la citation d’Atlantico.fr a été traité par l’équipe du GDT. L’usage du mot fan, pourtant attesté en français depuis 1923 (selon le TLFi), est déconseillé, on lui préfère partisan. On ajoute la note : « Même si les emprunts à l'anglais fan et supporter, qui ont déjà fait l'objet de critiques, sont aujourd'hui employés en français, ils sont déconseillés puisqu'ils ne comblent aucune lacune terminologique. » Ils ne comblent aucune lacune terminologique. On ne peut que supposer que la même logique se serait appliquée à clash si l’OQLF avait décidé de traiter lui-même le terme.

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