vendredi 13 novembre 2015

Quand l’anglicisation fait bon ménage avec la novlangue


Ce matin dans Le Devoir, texte  très intéressant du président-fondateur de l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française (Asulf), le juge à la retraite Robert Auclair :

À bien y penser, qu’est-ce que l’appellation étrange « clause orphelin » peut bien vouloir dire à un francophone ? La réponse est claire : rien ! Pour le savoir, mieux vaut pour lui s’informer de l’appellation employée par les anglophones dans ce cas. Il apprendra qu’ils parlent d’une orphan clause. S’il consulte ensuite un dictionnaire anglais, il va découvrir que le mot « orphan », au figuré, se dit d’une personne ou d’une chose privée d’un avantage ou d’une protection, contrairement au mot français « orphelin », qui n’a nullement ce sens. Voilà la source de l’anglicisme.

La clause en question dans une convention collective prévoit habituellement un salaire différent en fonction de la date d’embauchage d’un salarié. Ainsi, un nouveau salarié touche un salaire inférieur à celui qui est établi pour un emploi donné. Il en résulte une différence de traitement entre salariés pour un même emploi, soit une disparité. Quoi de plus normal alors que de parler d’une « clause de disparité de traitement » ?

Dans le contexte des négociations pour le renouvellement des conventions collectives, on comprend pourquoi le gouvernement ne veut pas appeler un chat un chat et qu’il préfère utiliser la langue de bois, ou la novlangue façon Orwell, pour occulter une mesure discriminatoire à l’égard des jeunes.


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